Le lieu, son passé

Le site, composé des anciens locaux de l’entreprise Plaisance Nature-Aliments (fabrication culinaire à base de poudre), est fort d’une histoire de 100 ans et a été construit au fur et à mesure par plusieurs générations. Il a vécu une riche évolution liée à la vie du quartier avant d’accueillir les artistes. Il est investi en 1918 par l’entreprise Plaisance, créée en 1913 par le couple Eugène et Stéphanie Jost-David et baptisé ainsi en mémoire du quartier Plaisance, limitrophe d’une zone rurale où commençait le chemin de Couëron. Ce quartier populaire a vu s’ériger cabarets, auberges, guinguettes et petits commerces ; et est devenu le rendez-vous loisir du faubourg de la grand-ville. Au début du 20 èmesiècle, ce territoire en bordure de Nantes était très industrialisé. De nombreuses usines, pour beaucoup de conserves, se côtoyaient. 

Ainsi, l’activité Plaisance s’est centrée pendant 100 ans sur la production de petits sachets d’entremets parfumés à base d’agar-agar, puis sur une gamme plus grande de poudres alimentaires, facile à préparer. L’entreprise s’inspira du rythme des événements du XXe siècle. Dès 1975, elle co-fonde Nature et Progrès pour prendre le chemin du biologique. En 1979, Nature-Aliments remplace la société Jost-David. L’évolution du quartier industriel vers l’actuel quartier résidentiel progressif. Nature-Aliments a été la dernière entreprise à quitter le quartier, en 2011, se projetant sur un nouveau site à Rezé.

La revalorisation du lieu et de ses espaces

À la libération des lieux, Bruno Jost, petit-fils des fondateurs, plaida fortement pour une revalorisation des bâtiments en faveur du domaine culturel et artistique. Fortement engagé pour prolonger cette aventure humaine source d’innovations et de développement positif, et inspiré par le travail de sa fille Solenne, Bruno Jost souhaitait répondre à la nécessité de ne pas laisser le site inoccupé, en proposant une alternative à l’investissement immobilier. 

À l’automne 2011, les ateliers accueillent une dizaine d’artistes issus des Beaux-Arts de Nantes qui resteront un an et demi, investissant les lieux en s’adaptant aux espaces. Les premières expositions se tiennent alors, comme « Pousser la visse ». D’autres artistes sont aussi invités. « Au lieu de » fut par exemple une restitution de résidence par 10 artistes nantais, rennais et lorientais sur le thème de la mutation du lieu. À son tour en mai 2013 l’entreprise Nature-Aliments fête son centenaire et ouvre le site au public pendant un mois.

La structuration du projet et la création de l’association

Solenne Jost, Marie Lemoine et Vincent Bonnin créent l’association La Ville en Bois, en février 2013. À partir d’octobre 2014, le lieu est ouvert et investi progressivement. Les ateliers de mélange des poudres et de mise en sachets se transforment en ateliers d’arts plastiques et visuels, d’artisanat, de construction. Le projet de l’association se structure peu-à-peu grâce à toutes les énergies, notamment celles des artistes accueillis. Puis, d’autres soutiens s’affirment comme celui de l’association rennaise L’Œil d’Oodaaq, avec laquelle Solenne Jost travaille depuis 2008.

De rencontres en rencontres, tous les bâtiments sont investis, la capacité d’accueil atteint 14 artistes, répartis dans les 4 ateliers partagés. Au cours des quatre années, La Ville en Bois a répondu favorablement à cinquante demandes de résidences permanentes ou ponctuelles, adressées par des artistes seuls, des associations ou des compagnies. Certaines résidences donnent lieu à des restitutions ouvertes au public. Des expositions sont accueillies dans l’entrepôt comme celle co-organisée avec l’association L’Œil d’Oodaaq dans le cadre du Festival Oodaaq. À l’initiative de l’association sont organisés plusieurs rendez-vous populaires et familiaux comme les Portes ouvertes des Ateliers, le Marché de Noël où artistes résidents et extérieurs exposent et vendent leur travail et enfin Xylopolis.